Toulouse : Les défis rencontrés par les sous-traitants aéronautiques face à Airbus

La filière aéronautique à Toulouse fait face à des défis croissants pour ses sous-traitants, malgré un carnet de commandes bien rempli chez Airbus. Une étude de la Banque de France révèle que près d’un équipementier sur cinq au sein du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) éprouve des fragilités, souvent dues à un endettement élevé et une capacité d’autofinancement insuffisante. Les entreprises subissent également des pressions conjoncturelles telles que la tension sur l’approvisionnement, l’inflation des coûts des matières premières et une perte de compétences après les vagues de licenciements dus à la pandémie. Paradoxalement, bien que le secteur soit en croissance avec une augmentation du chiffre d’affaires, les PME rencontrent des difficultés d’ajustement face à des exigences opérationnelles croissantes et à la nécessité de financements importants, surtout dans un contexte de hausse des taux d’intérêts. Les initiatives mises en place par Airbus pour soutenir ses fournisseurs, par le biais de plateformes d’achats et de fonds d’investissement, visent à atténuer ces tensions.

EN BREF

  • Airbus à Toulouse affiche un carnet de commandes plein.
  • Une étude de la Banque de France révèle que 1 équipementier sur 5 rencontre des fragilités.
  • Environ 485 adhérents au sein du Gifas, avec 203 membres équipementiers.
  • Facteurs de tension : inflation, tensions d’approvisionnement, perte de compétences.
  • Les sous-traitants mécaniques en difficulté à cause de leur consommation énergétique et du manque de compétences.
  • Airbus met en place des initiatives telles que ConBid pour soutenir ses fournisseurs.
  • Des plans d’actions sont discutés sur le financement, l’opérationnel et l’attractivité.
  • Malgré les défis, la filière aéronautique enregistre une croissance de 8 % en 2023.

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La dynamique de l’industrie aéronautique à Toulouse, alimentée par un carnet de commandes pléthorique chez Airbus, met en lumière un paradoxe inquiétant : de nombreux sous-traitants peinent à maintenir leur viabilité financière. Tandis qu’Airbus affiche des ambitions de production ambitieuses, un nombre croissant d’équipementiers se trouve confronté à des fragilités structurelles. Ce constat résulte de plusieurs facteurs, notamment l’augmentation des coûts des matières premières, les tensions d’approvisionnement et une gestion parfois délicate des compétences au sein des entreprises de la chaîne d’approvisionnement.

Les statistiques éclairantes

Une étude récente de la Banque de France menée pour le Gifas, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, révèle que près de 20% des équipementiers français se trouvent en situation de fragilité. Au total, environ quarante d’entre eux affichent des signes de difficultés persistant, en dépit d’un marché somme toute favorable, défini par une demande croissante d’avions. Ce tableau souligne des disparités significatives au sein de la filière, soulignant que, bien que le marché dans son ensemble se porte bien, un certain nombre d’entreprises doivent répondre à des enjeux critiques qui mettent en péril leur survie économique.

Les causes des vulnérabilités

Les difficultés rencontrées par les sous-traitants ne sont pas uniquement le fruit de facteurs internes. Les pressions conjoncturelles, telles que l’inflation sur les coûts des matières premières, augmentent fortement la pression sur ces entreprises. L’augmentation des salaires, pour répondre à la demande de main-d’œuvre, rajoute une couche supplémentaire à des charges déjà lourdes. Tout cela se produit dans un contexte de hausse des taux d’intérêt qui rend l’accès au financement de plus en plus compliqué pour les entreprises fragiles.

A cela s’ajoute une perte de compétences tragique, exacerbée par la pandémie. Un nombre important d’entreprises a dû procéder à des licenciements en masse, se défaisant de profils expérimentés indispensables, avant de se retrouver en difficulté pour recruter des talents moins expérimentés. Ce transfert des connaissances et de la compétence vers des travailleurs juniors crée une disparité dans la qualité de production et réduit la capacité d’innovation des entreprises sous-traitantes.

Le paradoxe de la demande

Le déséquilibre entre une demande élevée et les capacités de production constitue une autre source de tension. Malgré un carnet de commandes plein à craquer, où Airbus s’engage à produire plus de 75 A320 par mois d’ici 2026, cette dynamique impose des besoins d’investissement colossaux. Ces exigences sont d’autant plus difficiles à satisfaire dans un environnement de taux d’intérêt élevés, obligeant des entreprises à naviguer dans des eaux troubles. Le besoin en fonds de roulement, nécessaire pour couvrir les coûts liés à cette montée en cadence, pèse donc sur de nombreux sous-traitants.

La sous-traitance mécanique en difficulté

Dans ce contexte, un segment particulièrement touché est celui de la sous-traitance mécanique. En effet, les entreprises évoluant dans ce domaine font face à des besoins énergétiques extrêmement élevés et rencontrent des défis liés à l’approvisionnement en matières premières. Simultanément, elles subissent une forte concurrence pour le recrutement de compétences essentielles telles que celles des chaudronniers et soudeurs, qui sont en demande non seulement dans l’aéronautique, mais aussi dans d’autres secteurs comme le nucléaire et la défense.

Les initiatives d’Airbus

Face à cette situation délicate, Airbus met en œuvre des initiatives pour soutenir ses fournisseurs. Un exemple significatif est le lancement de la plateforme « ConBid », qui a pour but de négocier les tarifs des matières premières, notamment les métaux lourds, pour l’ensemble de la filière. De nouvelles initiatives sont également entreprises concernant l’acier et l’aluminium. Ces efforts visent à fournir un soutien concret contre les tensions persistantes au sein de la chaînе d’approvisionnement.

Plans d’action et optimisme prudent

Nonobstant les défis, des perspectives optimistes émergent. Le Gifas insiste sur le fait que plus de 90% des entreprises de la chaîne d’approvisionnement se portent globalement bien, et de nombreuses PME de la filière voient leur situation s’améliorer. Au sein des 269 entreprises du comité de la Aéro PME, la zone rouge est en forte diminution, signifiant que la majorité des petites et moyennes entreprises résistent aux pressions actuelles. Cela fait écho à une tendance générale de croissance observée dans la filière, avec un chiffre d’affaires global en progression de 8% en 2023, selon une récente étude de l’Insee.

Des perspectives de collaboration

Les plans d’actions envisagés par les acteurs de l’industrie aéronautique incluent des initiatives sur plusieurs registres : financement, excellence opérationnelle, et attractivité des métiers. Des fonds d’investissement comme le Tikehau Ace Aéro Partenaires, soutenu par Bpifrance, sont créés dans le but de soutenir financièrement les entreprises en difficulté. En parallèle, ils offrent un maillage territorial solide pour sensibiliser les acteurs du crédit à la réalité de la filière.

L’avenir de la filière aéronautique à Toulouse

Alors que l’aéronautique représente environ 75 000 emplois en région toulousaine, soit 12% des salariés, des initiatives doivent se poursuivre pour maintenir cette vitalité. Le projet Aero Excellence, visant à structurer davantage la filière autour de la décarbonation, de l’excellence opérationnelle et de la cybersécurité, marque une étape essentielle dans cette direction, rassemblant déjà une centaine d’entreprises.

Les défis rencontrés par les sous-traitants d’Airbus à Toulouse ne sont donc pas à sous-estimer. Entre fragilités structurelles et exigences de production élevées, l’heure est à l’adaptation et à la collaboration pour surmonter ces obstacles. En définitive, la survie à long terme de l’écosystème aéronautique de Toulouse en dépend.

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