Le 26 dĂ©cembre 1994, le Groupe dâintervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) a menĂ© une opĂ©ration hĂ©roĂŻque Ă l’aĂ©roport de Marignane pour libĂ©rer les 173 otages d’un Airbus A320 dĂ©tournĂ© par un commando islamiste. LâopĂ©ration a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e aprĂšs 54 heures de crise, durant lesquelles les terroristes ont exĂ©cutĂ© plusieurs otages. Sous le commandement de Denis Favier, le GIGN a orchestrĂ© un assaut rapide et efficace, Ă©liminant les quatre preneurs d’otages et sauvant la totalitĂ© des victimes, tout en subissant des pertes parmi ses membres. Cet Ă©vĂ©nement marquant a conduit Ă un renforcement des dispositifs de sĂ©curitĂ© dans les aĂ©roports, ainsi qu’Ă la crĂ©ation d’une nouvelle unitĂ© de lutte anti-terroriste au sein de la gendarmerie.
EN BREF
|
Le 26 dĂ©cembre 1994, le vol AF 8969 reliant Alger Ă Paris est dĂ©tournĂ© par un commando islamiste du groupe armĂ© GIA. AprĂšs 54 heures de tension, lâassaut hĂ©roĂŻque du Groupe dâintervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) permet la libĂ©ration des 173 otages restĂ©s dans lâappareil. Cet Ă©vĂ©nement marquant et tragique a façonnĂ© les stratĂ©gies de lutte contre le terrorisme et a profondĂ©ment modifiĂ© le paysage de la sĂ©curitĂ© aĂ©rienne en France. Ă l’occasion du trentiĂšme anniversaire de cet Ă©pisode, revisitons les circonstances de la prise d’otages et l’opĂ©ration de sauvetage qui a suivi.
Contextes : Prise d’otages et ses consĂ©quences
Le 24 dĂ©cembre 1994, jour de veille de NoĂ«l, le vol AF 8969 se prĂ©pare Ă partir de l’aĂ©roport Houari BoumĂ©diĂšne, Ă Alger. Ă bord, 239 personnes, dont 12 membres dâĂ©quipage, s’apprĂȘtent Ă traverser la MĂ©diterranĂ©e. Cependant, quatre jeunes islamistes armĂ©s pĂ©nĂštrent dans l’Airbus, transformant un vol commercial en un thĂ©Ăątre dâhorreur.
Ces membres du Groupe islamique armĂ© (GIA) prennent le contrĂŽle de l’avion, crĂ©ant rapidement une situation de crise. Leurs revendications sont claires : la libĂ©ration de deux dirigeants islamistes emprisonnĂ©s en AlgĂ©rie. Cette demande, cependant, ne sera que le prĂ©ambule de plusieurs heures de tension, au cours desquelles les terroristes vont commettre des actes de violence. Ils libĂšrent quelques otages, mais tuent Ă©galement deux personnes, une menace constante planant sur les 173 otages restants.
Activation d’un plan de crise : la rĂ©action du gouvernement français
Face Ă cette crise, le gouvernement français, conscient de la gravitĂ© de la situation, place le GIGN et l’Escadron parachutiste de la gendarmerie nationale (EPIGN) en alerte. Leur prĂ©sence est cruciale pour empĂȘcher une issue fatale. Assis Ă lâautre bout de la MĂ©diterranĂ©e, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur français, sous la direction de Charles Pasqua, commence immĂ©diatement les nĂ©gociations.
La situation se dĂ©grade rapidement. Les terroristes, de plus en plus nerveux, menacent les otages et exigent le plein d’essence pour redĂ©coller vers Paris. Le gouvernement algĂ©rien, bien que rĂ©ticent, finit par cĂ©der et permet Ă lâavion dâeffectuer un atterrissage Ă Marseille Marignane. Ă ce moment-lĂ , le GIGN est dĂ©jĂ en position, prĂ©parĂ© Ă donner le coup dâenvoi de lâopĂ©ration de sauvetage.
La prĂ©paration de l’assaut
Alors que l’avion se pose Ă Marseille, lâatmosphĂšre est Ă©lectrique. Ă bord, les passagers sont acculĂ©s dans un espace confinĂ©, soumis Ă la colĂšre et Ă la dĂ©termination des terroristes. Pendant ce temps, le GIGN Ă©labore minutieusement un plan d’assaut, conscient que chaque seconde compte.
Dans un stade d’alerte maximal, Denis Favier, alors commandant du GIGN, souligne la pression qui pĂšse sur les Ă©paules de son Ă©quipe. âNous rĂ©articulons notre dispositif en quelques minutesâ, se souvient-il. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les hommes du GIGN sont prĂȘts pour intervenir, comprenant que chaque mouvement est synonyme de vie ou de mort.
Le jour J : L’assaut par le GIGN
Le 26 dĂ©cembre, Ă 17h00, aprĂšs des heures de nĂ©gociations infructueuses et de tensions croissantes, lâordre de lancer lâassaut est donnĂ©. ThrĂšne de sirĂšnes et cacophonie ambiante rĂšgnent sur l’aĂ©roport alors que trois passerelles motorisĂ©es se dirigent vers lâAirbus. La mission est intĂ©gralement coordonnĂ©e, et chaque gendarme sait exactement son rĂŽle Ă jouer.
Les premiers gendarmes pĂ©nĂštrent Ă l’intĂ©rieur, affrontant un feu nourri des terroristes. Les Ă©clats des balles fusent, crĂ©ant un environnement chaotique. Pendant que certains gendarmes permettent l’Ă©vacuation des otages, d’autres se concentrent sur la neutralisation des menaces. L’engagement des gendarmes est sans faille â ils avancent sous une pluie de balles avec un seul objectif en tĂȘte : sauver les otages sans pertes supplĂ©mentaires.
Un dénouement tragique mais salvateur
En moins de 20 minutes, l’assaut est terminĂ© et le calme retombe sur Marignane. Les quatre terroristes sont neutralisĂ©s, mais ce ne vient pas sans coĂ»t. Dix gendarmes sont blessĂ©s, certains gravement, mais la majeure partie des otages sort indemne et en sĂ©curitĂ©.
âIci le commandant de bord, ne tirez plus, ils sont tous mortsâ, annonce une voix depuis l’Airbus, marquant la fin d’une opĂ©ration tragique mais dont la rĂ©ussite sera acclamĂ©e par toute la France. La rĂ©action au dĂ©nouement de cette crise est Ă la fois un souffle de soulagement et un choc Ă©motionnel pour ceux qui ont vĂ©cu cette Ă©preuve.
Les rĂ©percussions de l’opĂ©ration Marignane
L’assaut des gendarmes a non seulement permis de sauver des vies, mais a Ă©galement eu un impact profond sur la maniĂšre dont le pays aborde la sĂ©curitĂ© aĂ©rienne. En consĂ©quence, les protocoles de sĂ©curitĂ© dans les aĂ©roports ont Ă©tĂ© renforcĂ©s de maniĂšre drastique, incluant des mesures comme lâinspection des bagages par rayons X et des fouilles systĂ©matiques des passagers.
Cette opĂ©ration historique a offert un nouveau souffle au GIGN, qui a su faire preuve de compĂ©tence et de dĂ©termination dans des circonstances extrĂȘmes. En Ă©valuant cette opĂ©ration trente ans plus tard, il est Ă©vident que Marignane a façonnĂ© les pratiques sĂ©curitaires et de crises futures, de l’engagement des force spĂ©cial jusqu’Ă la prĂ©paration constante face Ă la menace terroriste.
Un examen rétrospectif et un hommage aux héros
Au fil des annĂ©es, l’opĂ©ration Marignane a Ă©tĂ© le sujet de nombreuses Ă©tudes et d’analyses pour tirer des leçons des erreurs passĂ©es et honorer les sacrifices rĂ©alisĂ©s. Les membres du GIGN ont reçu des distinctions pour leur bravoure, et la mĂ©moire de ceux qui ont souffert durant lâopĂ©ration est toujours vivante.
Cette rĂ©trospective nous rappelle que, malgrĂ© des Ă©vĂ©nements tragiques, la rĂ©silience et la dĂ©termination peuvent triompher des plus sombres moments. En regardant vers lâavenir, la France continue Ă honorer la mĂ©moire des otages sauvĂ©s et des gendarmes ayant risquĂ© leur vie pour assurer la sĂ©curitĂ© des citoyens. Leurs actions nous rappellent l’importance de la vigilance et de la prĂ©paration face Ă la menace, ainsi que la nature heroĂŻque de ceux qui se battent pour sauver des vies.