Inauguré en 2008, l’aéroport de Méaulte a été principalement conçu pour soutenir les activités d’Airbus dans la région. Face à une pénurie de contrôleurs aériens, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) envisage de remplacer ces professionnels par des agents de guidance, mettant en péril les procédures d’atterrissage traditionnelles. Actuellement, l’aéroport gère environ 12 000 mouvements annuels, mais la possibilité de retirer les contrôleurs aériens pourrait significativement impacter la sécurité et l’opérabilité des vols, notamment ceux du Beluga d’Airbus. En effet, les pilotes de ces avions affirment qu’ils ne s’atterriraient pas à Méaulte sans la supervision adéquate. Cela soulève des inquiétudes pour l’avenir de l’industrie aéronautique locale, déjà mise à mal par des réformes visant à réduire les coûts. Les élus du territoire appellent donc à maintenir la présence des contrôleurs aériens pour garantir la sécurité et le bon fonctionnement de l’aéroport.
EN BREF
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Inauguré en 2008, l’aéroport de Méaulte, situé dans la région de la Somme, a été conçu principalement pour soutenir les activités d’Airbus dans la région. Toutefois, l’avenir de cet aéroport est désormais remis en question, notamment en raison de la proposition de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) d’éliminer le contrôle aérien en faveur d’agents de guidance, appelés AFIS. Cette réforme pourrait engendrer des conséquences significatives, tant pour l’aéroport lui-même que pour l’industrie aéronautique locale, principalement orientée vers Airbus. Cet article explore en détail les implications d’un tel changement et se penche sur l’avis d’Airbus concernant l’absence de contrôleurs aériens.
Contexte et importance de l’aéroport de Méaulte
L’aéroport de Méaulte, également connu sous le nom d’aéroport international Amiens Henry Potez, joue un rôle clé dans les opérations aériennes de la région. Avec environ 12 000 mouvements aériens par an, y compris des vols privés, des missions sanitaires, et le transport de pièces d’Airbus via le célèbre Beluga, cet aéroport est vital pour l’industrie aéronautique locale. C’est l’infrastructure qui soutient le développement et la production aéronautique en Picardie, fournissant des services essentiels à Airbus, qui y a trouvé un partenaire stratégique depuis sa création.
Proposition de remplacement des contrôleurs aériens
La DGAC a entrepris une vaste réforme, visant à fermer un quart des tours de contrôle dans les aéroports français d’ici à 2035. L’aéroport de Méaulte serait touché en premier lieu par cette initiative. Actuellement, la régulation du trafic aérien est assurée par cinq contrôleurs aériens qui sont présents du lundi au samedi, de 9h à 19h. Leurs fonctions incluent la gestion de l’atterrissage et du décollage des avions dans un environnement complexe.
Avec le projet de remplacement de ces contrôleurs par des agents AFIS, la dynamique de gestion du trafic aérien risquerait de profondes transformations. Arnaud Soulet, directeur de l’aéroport, a clairement énoncé la distinction entre les deux rôles : les agents AFIS se contentent de fournir des informations, tandis que les contrôleurs aériens prennent des décisions critiques qui garantissent la sécurité des vols.
Les conséquences de l’absence de contrôleurs aériens
L’absence de contrôleurs aériens à Méaulte soulève des inquiétudes tant du point de vue opérationnel qu’économique. D’un point de vue opérationnel, la sécurité des atterrissages et des décollages pourrait être gravement compromise. Les agents AFIS, qui manquent des outils radar nécessaires pour une surveillance complète de l’espace aérien, ne seraient pas en mesure de gérer efficacement la circulation aérienne, en particulier pour les grands avions comme le Beluga.
Emportant avec eux une lourde responsabilité, les contrôleurs aériens supervisent l’atterrissage des aéronefs en prenant en compte divers paramètres tels que la météo, la trajectoire des autres avions, et les priorités d’atterrissage. Si ce système était remplacé par des agents AFIS, cette responsabilité serait transférée aux pilotes, ce qui pourrait accroître le risque d’incidents ou d’accidents aériens.
Impact sur l’industrie aéronautique locale
Si les contrôleurs aériens étaient remplacés, cela pourrait également avoir des répercussions significatives sur l’industrie aéronautique locale. Les pilotes de Beluga ont déjà exprimé leur scepticisme quant à l’atterrissage à Méaulte sans la présence de contrôleurs aériens, affirmant qu’ils ne prendraient pas le risque d’atterrir. Cela met en lumière l’importance de cet aéroport pour les opérations d’Airbus, qui a été conçu pour faciliter le transport aérien de composants critiques.
La présidente de l’aéroport, Virginie Caron-Decroix, souligne que l’aéroport a été créé spécifiquement pour Airbus. La régulation du trafic aérien est primordiale pour les opérations de transport des pièces fabriquées sur le site. Si la capacité de l’aéroport à accueillir des gros-porteurs tels que le Beluga était compromise, cela suggérerait un retour à un système de transport par la route, moins efficace et potentiellement plus coûteux pour l’entreprise.
Réaction des élus et des parties prenantes
Face à ces menaces, les préoccupations des élus, notamment du sénateur Stéphane Demilly, sont montées au créneau. Il a plaidé pour maintenir le système actuel de contrôle aérien, soulignant que l’absence de contrôleurs aériers pourrait affecter non seulement Airbus, mais aussi les 3 000 employés et les sous-traitants qui en dépendent. Le sénateur a insisté sur la technicité et la sécurité apportées par les contrôleurs aériens, en particulier pour les gros-porteurs.
Des pilotes et d’autres professionnels du secteur aérien ont également partagé leur point de vue, affirmant qu’un niveau de contrôles plus élevés est essentiel pour la sécurité des opérations, surtout dans un aéroport aussi stratégiquement placé.
Considérations économiques
À une époque où la DGAC est sous pression financière pour réduire les coûts, l’élimination des contrôleurs aériens peut sembler une solution économique. Cependant, les économies immédiates pourraient être compensées par des coûts à long terme associés à des assurances plus élevées et à la gestion de risques. La nécessité pour les compagnies d’assurance de réévaluer les responsabilités des pilotes et des aéroports devra être examinée de près. Cela pourrait entraîner un coût supplémentaire pour Airbus, qui doit déjà faire face à une concurrence accrue et à des enjeux économiques variés.
Les retrouvailles entre Airbus et la DGAC
Alors que les discussions autour de cette réforme prennent de l’ampleur, Airbus espère une issue favorable. L’entreprise affirme qu’il est impensable de perdre le système de contrôle aérien alors que les enjeux sont considérables pour son efficacité opérationnelle. Selon les responsables d’Airbus, sans la garantie d’un contrôle aérien, l’aéroport de Méaulte deviendrait le premier aéroport européen à opérer sans encadrement aérien, une perspective jugée inacceptable par le constructeur.
Tandis que la décision finale de la DGAC est encore en suspens et devrait être prise dans l’année à venir, le sentiment général parmi les acteurs locaux est qu’il est crucial de préserver l’intégrité de l’aéroport de Méaulte pour l’avenir de l’industrie aéronautique en Picardie.
Les implications d’un éventuel changement des services de contrôle à l’aéroport de Méaulte sont d’une importance capitale. Équilibrer les considérations économiques tout en garantissant la sécurité des opérations doit rester au cœur des discussions pour assurer la protection et la pérennité de l’aviation civile locale.
Pour plus d’informations sur les enjeux aéroportuaires, vous pouvez également consulter des sources telles que cet article ou celui-ci sur les actions du DGAC.