Les sous-traitants français éprouvent de grandes difficultés à cause de la crise que traverse Boeing, qui affecte directement leur activité. Avec une production d’avions inférieure aux prévisions, nombreux fournisseurs révisent leurs estimations à la baisse. Parmi ces acteurs, Safran fait face à une chute de 10 % des livraisons de moteurs LEAP, impactant ses commandes. Figeac Aero subit également des pertes, bien que l’impact sur son chiffre d’affaires global demeure limité. Latécoère et d’autres sous-traitants ressentent également les effets de la baisse de production, soulignant ainsi la fragilité de cette chaîne d’approvisionnement face aux turbulences du géant américain.
EN BREF
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La crise actuelle que traverse l’avionneur Boeing impacte de manière significative son réseau de sous-traitants, notamment ceux basés en France. Cette situation conjoncturelle entraîne une réévaluation des prévisions commerciales pour ces entreprises, où la diminution des livraisons d’appareils se répercute sur leur activité. En conséquence, les fournisseurs français se voient confrontés à des défis d’ordre financier et opérationnel, alors que la dépendance à l’égard de Boeing varie selon les partenaires industriels. Cet article met en lumière les impacts de cette crise sur les sous-traitants français, à travers des exemples concrets et des données économiques.
Un contexte de crise durable pour Boeing
Le géant américain de l’aéronautique fait face à une tempête parfaite, marquée par une grève prolongée de plus de sept semaines, des problèmes de production et un contrôle qualité renforcé qui ont considérablement ralenti le processus d’assemblage. Le mois d’octobre 2024 a ainsi vu seulement 14 livraisons d’avions, portant à 305 le nombre total depuis le début de l’année. Dans ce contexte difficile, le nouveau PDG, Kelly Ortberg, a annoncé une réduction de 10 % des effectifs, soit la suppression de 17 000 postes. Face à ces coupes sombres, les sous-traitants français doivent s’adapter rapidement à un environnement incertain.
Impact sur les sous-traitants français
La crise de Boeing touche inévitablement ses 12 000 sous-traitants à l’échelle mondiale. En France, on dénombre plus d’une centaine de partenaires qui collaborent avec l’avionneur. Parmi eux, une quinzaine font partie de la « Boeing French Team ». Cependant, les répercussions de cette crise ne se distribuent pas uniformément. Les sous-traitants dont l’activité dépend significativement des programmes récemment touchés comme le 737 MAX et le 777X sont les plus sévèrement affectés. Leur chiffre d’affaires fluctue directement en fonction des commandes et des livraisons de Boeing.
Safran et la baisse des livraisons de moteurs
Un exemple illustratif est celui de Safran, fournisseur clé de moteurs pour Boeing. En raison de la réduction de productions de 737 MAX, Safran a dû ajuster ses prévisions de livraison de moteurs. En effet, le motoriste a enregistré une baisse de 12 % de ses livraisons de moteurs LEAP au cours des neuf premiers mois de 2024. Pour l’année en cours, le groupe s’attend à une diminution des livraisons d’environ 10 % par rapport à l’année précédente, entraînant ainsi un trou significatif dans sa trésorerie. Cette situation souligne l’étroite relation entre l’avionneur américain et ses fournisseurs, où une baisse d’activité chez l’un entraîne des conséquences directes chez l’autre.
Figeac Aero : un effet domino sur la production
Le groupe lotois Figeac Aero, également sous-traitant de Boeing, subit les effets de la crise de manière indirecte. Spécialisé dans la fabrication de pièces pour les moteurs LEAP, le volume de production est logiquement impacté par une réduction des livraisons des moteurs par Safran. En conséquence, Figeac Aero voit une diminution de ses commandes de pièces pour ces moteurs. Le manque à gagner est considérable, avec des estimations évoquant 20 000 euros par moteur. Malgré cela, le directeur général adjoint de la société, Thomas Girard, souligne que ce chiffre n’impactera que de 2,5 % le chiffre d’affaires global de l’entreprise en 2024, car la part des pièces du moteur 737 MAX est relativement faible pour Figeac Aero.
Latécoère et l’impact limité
De son côté, Latécoère, un autre équipementier aéronautique, fait également face aux turbulences sans être gravement touché. Ses activités englobent la fabrication de portes pour les aéronefs 787 et 777 cargo, ainsi que le câblage pour les modèles 737 MAX et 767. Toutefois, c’est la diversification de ses contrats qui permet de limiter les impacts négatifs : l’avionneur américain ne représentant que 15 % de son chiffre d’affaires total. Cette diversification est essentielle pour maintenir la stabilité financière face aux incertitudes du secteur.
Un secteur en difficulté mais résilient
Au-delà des exemples de Safran, Figeac Aero et Latécoère, d’autres sous-traitants français comme Lisi Aerospace et Crouzet restent plus discrets sur l’ampleur de l’impact de la crise de Boeing sur leurs activités. Cela pose question quant à la santé générale du secteur. Les difficultés rencontrées par les sous-traitants doivent cependant être mises en perspective : le paysage aéronautique est en constante évolution, et ces entreprises ont souvent une approche proactive face aux crises. Cela signifie qu’elles cherchent à diversifier leur portefeuille de clients tout en optimisant leurs processus de production.
Vers une résilience collective
Dans ce contexte, le soutien et la coopération entre les sous-traitants et les grandes entreprises comme Boeing sont essentiels. Des initiatives à l’échelle de l’industrie doivent être mises en place pour limiter les effets de la crise et préparer l’avenir. Les organisations professionnelles et les alliances sectorielles peuvent jouer un rôle clé en facilitant le partage d’informations et en proposant des solutions adaptées aux besoins des entreprises. Parallèlement, la recherche et le développement devront être accentués pour permettre aux sous-traitants de s’adapter aux nouvelles exigences du marché, qu’il s’agisse de technologies plus avancées ou de normes environnementales plus strictes.
Conclusion provisoire : une indécision persistante
La crise de Boeing constitue un véritable test pour les sous-traitants français. Bien que certains acteurs parviennent à limiter les impacts, d’autres subissent des conséquences directes significatives. À mesure que le marché évolue, les entreprises devront faire preuve de flexibilité et d’innovation pour naviguer dans les défis à venir.
Pour plus d’informations sur les défis auxquels sont confrontés les sous-traitants de l’aéronautique en période de crise, n’hésitez pas à consulter les articles présents à ces liens : La Dépêche, GIFAS, et Usine Nouvelle.
Témoignages des sous-traitants français face à la crise de Boeing
La crise actuelle que traverse Boeing a des répercussions profondes sur les sous-traitants français. Plusieurs d’entre eux partagent leurs préoccupations face à la situation délicate de l’avionneur américain.
Jean-Marie, directeur d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de composants pour avions, explique : « Nous avons vu nos commandes diminuer drastiquement. L’incertitude concernant les délais de livraison chez Boeing nous fait perdre des contrats avec d’autres clients. La santé financière de notre entreprise en dépend. » Il souligne l’importance de diversifier les marchés pour atténuer l’impact de cette crise.
De son côté, Claire, responsable des ventes dans une société d’équipements aéronautiques, déclare : « Nous avons dû baisser nos prévisions de chiffre d’affaires pour l’année prochaine. La commande de pièces pour les 737 MAX a chuté de 30 %, ce qui représente un coup dur pour notre activité. » Elle craint que cette baisse ne se traduise pas seulement par une réduction des bénéfices, mais aussi par des pertes d’emplois.
Pierre, dirigeant d’une PME qui fournit des systèmes électroniques pour les avions, évoque les perspectives sombres à venir : « Boeing a annoncé des réductions d’effectifs et moins de livraisons. Nous ressentons déjà un ralentissement dans nos commandes. Si la situation perdure, nous serons contraints de revoir notre stratégie commerciale. » Il parle également de la nécessité pour les sous-traitants de se préparer à des scénarios de crise prolongés.
Enfin, Isabelle, ingénieure projet dans une entreprise spécialisée dans les câblages, indique : « Nous avons dû reprogrammer notre production en fonction des besoins fluctuants de Boeing. La situation est très stressante, car nous dépendons d’eux pour plus de 60 % de notre chiffre d’affaires. Nous espérons des informations plus claires de leur part. » Elle appelle à une plus grande transparence de la part de l’avionneur pour aider les sous-traitants à mieux anticiper et s’adapter.